Cours
Objectifs du programme officiel
Groupe symétrique
-
Groupe des permutations de l'ensemble \(\{1, ..., n\}\)
-
Cycle, transposition
-
Décomposition d'une permutation en produit de cycles à supports disjoints, existence, unicité, commutativité
Signature d'une permutation
-
Décomposition d'une permutation en produit de transpositions
-
Signature
Formes \(n\)-linéaires alternées
-
Forme \(n\)-linéaire sur un espace vectoriel de dimension \(n\)
-
Antisymétrie, effet d'une permutation
-
Image d'une famille liée
Déterminant d'une famille de vecteurs dans une base
-
Unique forme linéaire associée à une base
-
Expression du déterminant dans une base en fonction des coordonnées
-
Lien entre \(\det_e\) et \(\det_{e'}\)
-
\((x_1, ..., x_n)\) est une base si et seulement si \(\det_e(x_1, ..., x_n) \neq 0\)
Déterminant d'un endomorphisme
-
Déterminant d'un endomorphisme
-
Déterminant d'une composée
-
Caractérisation des automorphismes
Déterminant d'une matrice carrée
-
Déterminant d'une matrice carrée
-
Caractère \(n\)-linéaire alternée par rapport aux colonnes
-
Déterminant d'un produit, d'un multiple scalaire d'une matrice
-
Caractérisation des matrices inversibles
-
\(\det : GL(E) \longrightarrow \mathbb{K}^*\) est un morphisme de groupes
-
Déterminant d'une transposée
-
Caractère \(n\)-linéaire alternée par rapport aux lignes
Comatrice
-
Définition de la comatrice
-
Relation \(A \text{Com}(A)^T = \text{Com}(A)^T A = \text{det}(A) I_n\)
-
Expression de l'inverse d'une matrice inversible
I. Groupe symétrique⚓︎
Remarque
Dans tout ce chapitre on considère un entier non nulle \(n\in \mathbb{N}^*\).
A. Généralités⚓︎
Définition : Permutation de l'ensemble \(\{1, ..., n\}\)
On considère une application \(\sigma : \{1, ..., n\} \longrightarrow \{1, ..., n\}\). Alors on dit que l'application \(\sigma\) est une permutation si elle est bijective. On note alors \(\mathcal{S}_n\) leur ensemble.
Exemple
Remarque
On note une permutation \(\sigma\) par \(\left( \begin{array}{ccc} 1 & \dots & n \\ \sigma(1) & \dots & \sigma(n) \end{array} \right)\).
Définitions : Cycle, transposition
On considère une permutation \(\sigma \in \mathcal{S}_n\) et un entier \(k\in \{2, ..., n\}\). Alors on dit que la permutation \(\sigma\) est :
- un \(k\)-cycle s'il existe \(a_1, ..., a_k \in \{1, ..., n\}\) distincts tels que
et
- une transposition si la permutation \(\sigma\) est un \(2\)-cycle : il existe \(a,b\in \{1, ...,n\}\) distincts tels que
Exemple
Définition : Points fixes et support d'une permutation
On considère une permutation \(\sigma \in \mathcal{S}_n\) et un entier \(a \in \{1, ..., n\}\). Alors on dit que l'entier \(a\) est un point fixe de la permutation \(\sigma\) si \(\sigma(a) = a\). On note alors \(\text{Fix}(\sigma)\) leur ensemble et on appelle
le support de la permutation \(\sigma\).
Exemple
Remarque
On peut alors noter une permutation seulement grâce à son support et à l'image des éléments de celui-ci :
Exemple
Proposition
On considère deux permutations \(\sigma_1, \sigma_2 \in \mathcal{S}_n\). Alors
Démonstration
Exemple
Théorème
On considère une permutation \(\sigma \in \mathcal{S}_n\). Alors il existe une unique (à l'ordre près) décomposition de la permutation \(\sigma\) comme composée de cycles à supports disjoints : il existe des cycles \(\sigma_1, ..., \sigma_r \in \mathcal{S}_n\) tels que
Démonstration
Remarque
La démonstration n'est pas exigible mais il faut savoir le faire en pratique.
Exemples
B. Signature d'une permutation⚓︎
Proposition
Toute permutation peut se décomposer en produits de transpositions. Mais la décomposition n'est pas unique. Seule la parité du nombre de transpositions apparaissant est unique
Démonstration
Exemple
Théorème
Il existe un unique morphisme de groupes \(\varepsilon : \mathcal{S}_n \longrightarrow \{-1,1\}\), appelé signature, envoyant toute transposition sur \(-1\).
Démonstration
Exemples
Remarque
La démonstration n'est pas exigible mais il faut savoir calculer la signature d'une permutation en pratique grâce à sa décomposition en cycles à supports disjoints.
Corollaire
Le morphisme signature \(\varepsilon\) vérifie donc, pour tout \(\sigma,\tau \in \mathcal{S}_n\) :
-
Si \(\sigma = \tau_1 ... \tau_k\) produit de transpositions alors \(\varepsilon(\sigma) = (-1)^k\).
-
Si la permutation \(\sigma\) est un \(k\)-cycle pour \(k\in \{1, ..., n\}\) alors \(\varepsilon(\sigma) = (-1)^{k-1}\).
-
\(\varepsilon(\sigma \circ \tau) = \varepsilon(\sigma) \varepsilon (\tau)\).
-
\(\varepsilon(\sigma^{-1}) = (\varepsilon(\sigma))^{-1}\).
Démonstration
Exemples
Proposition
Soit \(\sigma \in \mathcal{S}_n\). Alors
Démonstration
Exemple
Définition : Inverion d'une permutation
On considère \(\sigma \in \mathcal{S}_n\). Alors une inversion de la permutation \(\sigma\) est un couple \((i,j) \in \{1, ..., n\}^2\) tel que
On note \(I(\sigma)\) le nombre d'inversions de la permutation \(\sigma\).
Exemple
Remarque
En pratique pour une permutation donnée, on compte pour chaque terme de la deuxième ligne le nombre de termes à sa droite qui lui sont inférieurs. On somme le tout ce qui nous le nombre d'inversions de la permutation.
Proposition
On considère \(\sigma \in \mathcal{S}_n\). Alors
Démonstration
Exemple
Définition : Groupe alternée
On définit \(\mathcal{A}_n\), appelé groupe alternée, le noyau du morphisme de groupe \(\varepsilon : \mathcal{S}_n \longrightarrow \{-1, 1\}\).
Exemple
Remarque
Il s'agit donc d'un sous-groupe du groupe \(\mathcal{S}_n\).
II. Déterminants⚓︎
Remarque
Dans tout ce chapitre on considère un \(\mathbb{K}\)-espace vectoriel \(E\) de dimension finie \(\dim(E) = n\in \mathbb{N}^*\).
A. Formes \(n\)-linéaires alternées⚓︎
Définition : Forme \(n\)-linéaire alternée
On considère une application \(f : E^n \longrightarrow \mathbb{K}\). Alors on dit que l'application \(f\) est \(n\)-linéaire si l'application \(f\) est linéaire par rapport à chaque variable :
Dans ce cas on dit que la forme \(n\)-linéaire \(f\) est alternée si pour toute transposition \(\sigma \in \mathcal{S}_n\) et toute famille de vecteurs \((x_1, ..., x_n)\in E^n\),
Exemple
Remarque
En dimensions 2 et 3, on peut voir une forme \(n\)-linéaire alternée comme le calcul d'une aire ou d'un volume formé par des vecteurs.
Exemples
Proposition
On considère une forme \(n\)-linéaire alternée \(f : E^n \longrightarrow \mathbb{K}\), une permutation \(\sigma \in \mathcal{S}_n\) et une famille de vecteurs \((x_1, ..., x_n) \in E^n\). Alors
On dit alors que la forme \(n\)-linéaire alternée \(f\) est antisymétrique.
Démonstration
Exemple
Remarque
A l'inverse si
Alors on dit que la forme \(n\)-linéaire \(f\) est symétrique.
Corollaire
Une forme \(n\)-linéaire \(f : E^n \longrightarrow \mathbb{K}\) est alternée si et seulement si elle est antisymétrique.
Démonstration
Proposition
On considère une forme \(n\)-linéaire alternée \(f : E^n \longrightarrow \mathbb{K}\), une permutation \(\sigma \in \mathcal{S}_n\) et une famille de vecteurs \((x_1, ..., x_n) \in E^n\). Si la famille \((x_1, ..., x_n)\) est une famille liée alors
Démonstration
Exemple
B. Déterminant d'une famille de vecteurs dans une base⚓︎
Proposition
On considère une base \(e\) de l'espace \(E\). Alors il existe une unique forme \(n\)-linéaire alternée \(f : E^n \longrightarrow \mathbb{K}\) telle que \(f(e_1, ..., e_n) = 1\). On la note alors \(\det_e\) et on l'appelle déterminant dans la base \(e\). De plus toute forme \(n\)-linéaire alternée est un multiple de l'application \(\det_e\).
Démonstration
Exemple
Théorème
On considère une base \(e\) de l'espace \(E\) et une famille de vecteurs \((x_1, ..., x_n) \in E^n\). Alors
Démonstration
Exemple
Corollaire
On considère une base \(e\) de l'espace \(E\). Alors l'ensemble des formes \(n\)-linéaires alternées sur l'espace \(E\) est un \(\mathbb{K}\)-espace vectoriel de dimension \(1\) engendré par l'application \(\det_e\).
Démonstration
Proposition
On considère la base canonique \(e\) de l'espace \(\mathbb{R}^n\) et une famille de vecteurs \((x,y,z) \in (\mathbb{R}^n)^3\).
- Si \(n = 2\) alors \(\det_e(x,y)\) correspond à l'aire orientée du parallélogramme de côtés \(x, y\) :
- Si \(n = 3\) alors \(\det_e(x, y, z)\) correspond au volume orienté du parallélépipède de côtés \(x, y, z\) :
Le dernier calcul est également appelé la règle de Sarrus.
Démonstration
Exemples
Remarque
La règle de Sarrus n'est pas très pratique car génère un grand nombre de calculs. On favorisera des opérations sur les lignes ou les colonnes pour obtenir des calculs plus simples.
Proposition
On considère deux bases \(e,e'\) de l'espace \(E\). Alors nous avons
Démonstration
Exemple
Théorème
On considère une base \(e\) de l'espace \(E\) et une famille de vecteurs \((x_1, ..., x_n)\in E^n\). Alors la famille \((x_1, ..., x_n)\) est une base de l'espace \(E\) si et seulement si
Démonstration
Exemples
C. Déterminant d'une matrice carrée⚓︎
Définition : Déterminant d'une matrice carrée
On considère une matrice carrée \(A \in \mathcal{M}_n(\mathbb{K})\). Alors le déterminant de la matrice \(A\) est le déterminant des vecteurs colonnes \(C_1, ..., C_n\) de la matrice \(A\) dans la base canonique \(e\) de \(\mathbb{K}^n\) :
Exemple
Proposition
L'application \(\det : \mathcal{M}_n(\mathbb{K}) \longrightarrow \mathbb{K}\) est une forme \(n\)-linéaire alternée par rapport aux colonnes.
Démonstration
Exemple
Proposition
On considère deux matrices carrées \(A,B\in \mathcal{M}_n(\mathbb{K})\). Alors \(\det(AB) = \det(A) \det(B)\).
Démonstration
Exemple
Corollaire
On considère une matrice carrée \(A \in \mathcal{M}_n(\mathbb{K})\) et un scalaire \(\lambda \in \mathbb{K}\). Alors \(\det(\lambda A) = \lambda^n \det(A)\).
Démonstration
Exemple
Proposition
On considère une matrice carrée \(A \in \mathcal{M}_n(\mathbb{K})\). Alors la matrice \(A\) est inversible si et seulement si \(\det(A) \neq 0\). Dans ce cas
Démonstration
Exemple
Corollaire
L'application \(\det : \mathcal{M}_n(\mathbb{K}) \longrightarrow \mathbb{K}\) induit un isomorphisme de groupes entre \(GL_n(\mathbb{K})\) et \(\mathbb{K}^*\).
Démonstration
Exemple
Proposition
On considère une matrice carrée \(A \in \mathcal{M}_n(\mathbb{K})\). Alors \(\det(A^T) = \det(A)\).
Démonstration
Exemple
Corollaire
L'application \(\det : \mathcal{M}_n(\mathbb{K}) \longrightarrow \mathbb{K}\) est une forme \(n\)-linéaire alternée par rapport aux lignes.
Démonstration
Exemple
D. Déterminant d'un endomorphisme⚓︎
Définition : Déterminant d'un endomorphisme
On considère un endomorphisme \(u\in L(E)\) et une base \(e\) de l'espace \(E\). Alors le déterminant de l'endomorphisme \(u\) est défini par
Exemple
Remarque
Comme \(\det(AB) = \det(BA)\), le déterminant d'un endomorphisme \(u\) ne dépend pas de la base \(e\) choisie.
Exemple
Proposition
On considère deux endomorphismes \(u,v\in L(E)\). Alors
Démonstration
Exemple
Corollaire
On considère un endomorphisme \(u\in L(E)\). Alors l'endomorphisme \(u\) est un automorphisme si et seulement si \(\det(u) \neq 0\). Dans ce cas
Démonstration
Exemple
E. Calcul des déterminants⚓︎
Proposition
On considère une matrice carrée \(A \in \mathcal{M}_n(\mathbb{K})\) et une matrice d'opération élémentaire \(B \in GL_n(\mathbb{K})\).
- Si la matrice \(B\) correspond à l'opération échange de deux lignes (respectivement deux colonnes) alors la matrice \(BA\) (respectivement \(AB\)) a un signe opposé à celui de \(\det(A)\) :
- Si la matrice \(B\) correspond à l'opération multiplication d'une ligne (respectivement une colonne) par un scalaire \(\lambda \in \mathbb{K}\) alors la matrice \(BA\) (respectivement \(AB\)) a pour déterminant \(\lambda \det(A)\) :
- Si la matrice \(B\) correspond à l'opération ajout d'une ligne (respectivement une colonne) à une autre alors la matrice \(BA\) (respectivement \(AB\)) a le même déterminant \(\det(A)\) :
Démonstration
Exemples
Définition : Cofacteur
On considère une matrice carrée \(A \in \mathcal{M}_n(\mathbb{K})\). Alors le cofacteur de l'élément $a_{ij} de la matrice \(A\) est un scalaire
avec \(A_{ij}\) la matrice obtenue en supprimant la \(i\)-ième ligne et la \(j\)-ième colonne de la matrice \(A\) pour \(i,j\in \{1, ..., n\}\).
Exemples
Théorème : Développement par rapport à une ligne ou une colonne
On considère une matrice carrée \(A \in \mathcal{M}_n(\mathbb{K})\) et un entier \(j\in \{1, ..., n\}\). Alors on obtient :
- le développement de \(\det(A)\) selon la \(j\)-ième ligne
- le développement de \(\det(A)\) selon la \(j\)-ième colonne
Démonstration
Exemples
Corollaire
On considère une matrice triangulaire \(A \in \mathcal{T}_n(\mathbb{K})\). Alors
Démonstration
Exemple
Définition : Déterminant de Vandermonde
On considère une famille de scalaires \((a_1, ..., a_n) \in \mathbb{K}^n\). Alors le déterminant de Vandermonde associée à la famille \((a_1, ..., a_n)\) est le déterminant de la matrice de Vandermonde associée
Exemple
Proposition
On considère une famille de scalaires \((a_1, ..., a_n) \in \mathbb{K}^n\). Alors
Démonstration
Exemple
Corollaire
On considère une famille de scalaires \((a_1, ..., a_n) \in \mathbb{K}^n\). Alors la matrice de Vandermonde associée aux scalaires \(a_1, ..., a_n\) est inversible si et seulement si \(V(a_1, ..., a_n) \neq 0\).
Démonstration
Exemple
Remarque
Si l'on considère les polynômes interpolateurs de Lagrange \(L_1, ..., L_n\) associés aux scalaires \(a_1, ..., a_n\) distincts alors la famille \(B = (L_1, ..., L_{n-1})\) est une base de l'espace \(\mathbb{K}_{n-1}[X]\) et, en notant \(e\) la base canonique de l'espace \(\mathbb{R}_{n-1}[X]\), la matrice \(P_{eB} = M_{Be}(\text{id}_{\mathbb{R_{n-1}[X]}})\) est une matrice de Vandermonde.
Exemple
F. Comatrice⚓︎
Définition : Comatrice
On considère une matrice carrée \(A \in \mathcal{M}_n(\mathbb{K})\). Alors la comatrice de la matrice \(A\) est la matrice \(\text{Com}(A)\) définie par
Exemple
Proposition
On considère une matrice carrée \(A \in \mathcal{M}_n(\mathbb{K})\). Alors
Démonstration
Exemple
Corollaire
On considère une matrice carrée \(A \in \mathcal{M}_n(\mathbb{K})\). Si la matrice \(A\) est inversible alors
Démonstration
Exemples
Remarque
Dans le cadre de la dimension \(n = 2\) on retrouve la formule
si \(ad - bc \neq 0\).