Cours
Objectifs du programme officiel :
Anneau des polynômes à une indéterminée
-
Anneau intègre
-
Degré, coefficient dominant, polynôme unitiaire
-
Degré d'une somme, d'un produit
-
Composition
Divisibilité et division euclidienne
-
Divisibilité dans \(\mathbb{K}[X]\), diviseurs, mutiples
-
Caractérisation des couples de polynômes associés
-
Théorème de la division euclidienne, algorithme
Fonctions polynomiales et racines
-
Fonction polynomiale associée, racine, caractérisation en termes de divisibilité
-
Nombre de racines majoré par le degré
-
Multiplicité d'une racine
-
Polynôme scindé
-
Relations entre coefficients et racines
Dérivation
-
Dérivation formelle
-
Opérations : combinaison linéaire, produit, formule de Leibniz
-
Formule de Taylor polynomiale
-
Caractérisation de la multiplicité d'une racine par les polynômes dérivés successifs
Arithmétique dans \(\mathbb{K}[X]\)
-
PGCD de deux polynomes
-
Algorithme d'Euclide
-
Ensemble des diviseurs communs égal à l'ensemble des diviseurs du PGCD
-
PGCD associés, un seul PGCD unitaire
-
Relation de Bézout, algorithme d'Euclide étendu
-
PPCM
-
Couple de polynômes premiers entre eux
-
Théorème de Bézout, lemme de Gauss
-
PGCD d'un nombre fini de polynômes, relation de Bézout, premiers entre eux dans leur ensemble ou deux à deux
Polynômes irréductibles de \(\mathbb{C}[X]\) et \(\mathbb{R}[X]\)
-
Théorème de d'Alembert-Gauss
-
Polynômes irréductibles de \(\mathbb{C}[X]\), théorème de décomposition en facteurs irréductibles dans \(\mathbb{C}[X]\)
-
Caractérisation de la divisibilité à l'aide des racines et des multiplicités
-
Caractérisation d'être premiers entre eux à l'aide des racines communes
-
Factorisation de \(X^n - 1\) dans \(\mathbb{C}[X]\)
-
Polynômes irréductibles de \(\mathbb{R}[X]\), théorème de décomposition en facteurs irréductibles dans \(\mathbb{R}[X]\)
-
Deux racines complexes conjuguées d'un polynôme de \(\mathbb{R}[X]\) ont la même multiplicité
Formule d'interpolation de Lagrange
-
Pour \(x_1, ..., x_n\) distincts et \(y_1,..., y_n\) éléments de \(\mathbb{K}\), il existe un unique polynôme \(P \in \mathbb{K}_{n-1}[X]\) tel que \(P(x_i) = y_i\) pour tout \(i \in \{1, ..., n\}\)
-
Expression de \(P\)
-
Description des polynômes \(Q\) tels que \(Q(x_i) = y_i\) pour tout \(i\in \{1, ..., n\}\)
Fractions rationnelles
-
Corps \(\mathbb{K}(X)\)
-
Forme irréductible d'une fraction rationnelle
-
Fonction rationnelle
-
Degré, partie entière, zéros, pôles, multiplicités
Décomposition en éléments simples sur \(\mathbb{C}\) et \(\mathbb{R}\)
-
Existence et unicité de la décomposition en éléments simples, application au calcul de primitives, de dérivées \(k\)-ièmes
-
Coefficient de \(\dfrac{1}{X-\lambda}\) pour \(\lambda\) pôle simple
-
Décomposition en éléments simples de \(\dfrac{P'}{P}\)
I. Anneau des polynômes à une indéterminée⚓︎
Définition : Polynôme à une indéterminée
Un polynôme à une indéterminée \(P\) est une suite \((a_n)_{n\in \mathbb{N}} \in \mathbb{K}^\mathbb{N}\) nulle à partir d'un certain rang \(d+1\). On le note
On note \(\mathbb{K}[X]\) leur ensemble.
Exemple
La suite \((1,0,..., 0,...)\) est notée \(1\). La suite \((0,1,0,..., 0, ...)\) est notée \(X\).
Remarque
Deux polynômes \(P = \sum_{k=0}^{d_P} a_k X^k\) et \(Q = \sum_{k=0}^{d_Q} b_k X^k\) sont alors égaux si et seulement si pour tout \(k\in \mathbb{N}, a_k = b_k\).
Exemple
Remarque
Pour tous polynômes \(P,Q \in \mathbb{K}\) et scalaire \(\lambda \in \mathbb{K}\), les polynômes \(P+Q\) et \(\lambda P\) sont définis comme pour les suites :
Exemples
Définition : Multiplication de polynômes
On considère deux polynômes \(P = \sum_{k=0}^{d_P} a_k X^k \in \mathbb{K}[X]\) et \(Q = \sum_{k=0}^{d_Q} b_k X^k \in \mathbb{K}[X]\). Alors on définit leur produit \(PQ\) comme le polynôme de \(\mathbb{K}[X]\) défini par
Exemple
Proposition
L'ensemble \(\mathbb{K}[X]\) est un anneau commutatif intègre pour l'addition et la multiplication. De plus
Démonstration
Définition : Degré, terme dominant, coefficient dominant
On considère un polynôme \(P = \sum_{k=0}^d a_k X^k\).
-
L'entier \(d\) est appelé degré du polynôme \(P\) : \(d\) est le premier entier tel que pour tout \(k\geq d+1, a_k = 0\), on le note \(\deg(P)\).
-
Le polynôme \(a_d X^d\) est appelé terme dominant du polynôme \(P\).
-
Le coefficient \(a_d\) est appelé coefficient dominant du polynôme \(P\).
On note alors \(\mathbb{K}_n[X]\) l'ensemble des polynômes de degré inférieur ou égal à \(n \in \mathbb{N}\).
Exemple
Remarque
Le degré du polynôme nul est par convention définie par \(\deg(0) = -\infty\). De plus si \(a_d = 1\) alors on dit que le polynôme \(P\) est unitaire.
Proposition
On considère deux polynômes \(P,Q \in \mathbb{K}[X]\). Alors
Démonstration
Exemples
Corollaire
L'anneau \(\mathbb{K}[X]\) est intègre.
Démonstration
Définition : Composition
On considère deux polynômes \(P = \sum_{k=0}^{d_P} a_k X^k \in \mathbb{K}[X]\) et \(Q = \sum_{k=0}^{d_Q} b_k X^k \in \mathbb{K}[X]\). Alors le polynôme composé \(P\circ Q\) est le polynôme de \(\mathbb{K}[X]\) défini par
Exemples
Proposition
On considère deux polynômes \(P,Q\in \mathbb{K}[X]\). Alors
Démonstration
Exemples
II. Divisibilité et division euclidienne⚓︎
Remarque
Comme \(\mathbb{K}[X]\) est un anneau, on peut y définir les notions de divisibilité, diviseurs et multiples comme dans l'anneau \(\mathbb{Z}\).
Proposition : Caractérisation des polynômes associés
On considère deux polynômes \(P,Q\in \mathbb{K}[X]\). Alors les polynômes \(P\) et \(Q\) sont associés si et seulement s'il existe \(\lambda \in \mathbb{K}^*\) tel que \(P = \lambda Q\).
Démonstration
Exemples
(de même degré)
Théorème de la division euclidienne
On considère deux polynômes \(A,B \in \mathbb{K}[X]\) tels que \(B\neq 0\). Alors il existe un unique couple de polynômes \((Q,R) \in \mathbb{K}[X]\) tels que
Démonstration
Exemples
Remarque
Pour réaliser la division euclidienne en pratique, on cherche les multiples du diviseur qui annulent les termes dominants successifs du dividende
(insérer une image)
Exemples
III. Fonctions polynomiales et racines⚓︎
Définition : Fonction polynomiale associée
On considère un polynôme \(P = \sum_{k=0}^d a_kX^k \in \mathbb{K}\). Alors la fonction polynomiale associé est la fonction \(f : \mathbb{K} \longrightarrow \mathbb{K}\) définie par
Exemple
Remarque
On pourra faire l'abus de notation \(P(x), x\in \mathbb{K},\) pour la fonction polynomiale associée au polynôme \(P\) évalué en \(x\).
Remarque : Méthode de Horner
Pour évaluer un polynôme \(P = \sum_{k=0}^d a_k\) en un élément \(x \in \mathbb{K}\), alors on remarque que
puis on évalue en \(x\). Cette méthode permet de ne pas avoir à calculer les puissances successives de \(x\).
Exemple
Définition : Racine (ou zéro) d'un polynôme
On considère un polynôme \(P \in \mathbb{K}[X]\) et un élément \(x\in \mathbb{K}\). Alors on dit que l'élément \(x\) est racine (ou zéro) du polynôme \(P\) si, en considérant la fonction polynomiale \(f\) associée au polynôme \(P\), \(f(x) = 0\).
Exemple
Proposition
On considère un polynôme \(P \in \mathbb{K}[X]\) et un élément \(x\in \mathbb{K}\). Alors l'élément \(x\) est racine du polynôme \(P\) si et seulement si \(X-x \mid P\).
Démonstration
Exemple
Remarque
On retrouve alors les mêmes résultats que dans la section Equations algébriques du chapitre Nombres complexes.
Proposition
On considère un polynôme \(P \in \mathbb{K}[X]\). Alors nombre \(r\) de racines du polynômes \(P\) est inférieur à son degré \(\deg(P)\) : \(r \leq \deg(P)\).
Démonstration
Exemples
Remarque
On peut alors déterminer un polynôme uniquement grâce à sa fonction polynomiale associée.
Exemple
Corollaire
On considère un polynôme \(P \in \mathbb{K}[X]\) de degré au plus \(d\in \mathbb{N}\). Si le polynôme \(P\) admet \(d+1\) racines distinctes alors \(P = 0\).
Démonstration
Corollaire
On considère deux polynômes \(P,Q\in \mathbb{K}[X]\) de degré au plus \(d\in \mathbb{N}\). Si les fonctions polynomiales associées aux polynômes \(P\) et \(Q\) coïncident en \(d+1\) points alors \(P=Q\).
Démonstration
Exemple
Définition : Multiplicité d'une racine
On considère un polynôme \(P \in \mathbb{K}[X]\) et un élément \(a\in \mathbb{K}\). Alors on définit la multiplicité \(m_P(a)\) de l'élément \(a\) par
Exemples
Remarque
Nous avons alors que l'élément \(a\) est racine du polynôme \(P\) si et seulement si \(m_P(a) \geq 1\).
Proposition
On considère un polynôme \(P \in \mathbb{K}[X]\) non nul et un élément \(a \in \mathbb{K}\). Alors l'élément \(a\) est racine du polynôme \(P\) de multiplicité \(m \in \mathbb{N}\) si et seulement s'il existe \(Q\in \mathbb{K}[X]\) tel que
Démonstration
Proposition
On considère deux polynômes \(P,Q \in \mathbb{K}[X]\) non nuls et un élément \(a\in \mathbb{K}\). Alors
Et si \(P+Q\neq 0\) alors
Démonstration
Proposition
On considère un polynôme \(P \in \mathbb{K}[X]\) et \(a_1, ..., a_r \in \mathbb{K}\) des racines distinctes de multiplicités \(m_1, ..., m_r \in \mathbb{N}^*\). Alors
Démonstration
Corollaire
La somme des multiplicités des racines d'un polynôme non nul est majorée par son degré.
Démonstration
Définition : Polynôme scindé, scindé simple
On considère un polynôme \(P \in \mathbb{K}[X]\). Alors on dit que le polynôme est scindé s'il existe \(\alpha \in \mathbb{K}\) et \(\lambda_1, ..., \lambda_d \in \mathbb{K}\) tels que
Si de plus les \(\lambda_1, ..., \lambda_d\) sont distincts alors on dit que le polynôme \(P\) est scindé simple (ou scindé à racines simples).
Exemple
Remarque
Dans ce cas nous avons \(\alpha = a_d\) le coefficient dominant.
Proposition : Relations coefficients racines
On considère une polynôme \(P = \sum_{k=0}^d a_k X^k \in \mathbb{K}[X]\). Si le polynôme \(P\) est scindé \(P = a_d(X-\lambda_1)...(X-\lambda_d)\) alors nous avons les relations, appelés formules de Viète,
Démonstration
Exemple
(pour le polynôme \(X^n - 1\))
Remarque
Il existe aussi des relations pour les coefficients \(a_{d-2}, ..., a_1\) mais moins explicites. (voir exercice (rajouter un lien vers l'exercice))
IV. Dérivation⚓︎
Définition : Polynôme dérivée
On considère un polynôme \(P = \sum_{k=0}^d a_k X^k\in \mathbb{K}[X]\). Alors le polynôme dérivée du polynôme \(P\) est le polynôme \(P' \in \mathbb{K}[X]\) défini par
Exemple
Remarque
Si \(\mathbb{K} = \mathbb{R}\) alors la fonction polynomiale associé au polynôme \(P'\) est la fonction dérivée de la fonction polynomiale associée au polynôme \(P\).
Exemple
Proposition
On considère un polynôme \(P\in \mathbb{K}[X]\).
- Si \(P\notin \mathbb{K}\) alors
- Si \(P \in \mathbb{K}\) alors
Démonstration
Proposition
On considère deux polynômes \(P,Q \in \mathbb{K}[X]\) et deux éléments \(\lambda,\mu \in \mathbb{K}\). Alors
Démonstration
Exemples
Remarque
On définit de même les dérivées successives par récurrence.
Exemples
Proposition : Formule de Leibniz
On considère deux polynômes \(P,Q \in \mathbb{K}[X]\) et un entier \(n\in \mathbb{N}\). Alors
Démonstration
Exemple
Proposition : Formule de Taylor pour un polynôme
On considère un polynôme \(P \in \mathbb{K}[X]\), un élément \(a \in \mathbb{K}\) et un entier \(n\geq \deg(P)\). Alors
Démonstration
Exemples
Corollaire
On considère un polynôme \(P \in \mathbb{K}[X]\) et un élément \(a \in \mathbb{K}\). Alors
Réciproquement, pour tout \(d\in \mathbb{N}\), si
alors \(d = m_P(a)\).
Démonstration
Exemple
V. Arithmétique dans K[X]⚓︎
Définition : PGCD entre deux polynômes
On considère deux polynômes \(A,B\in \mathbb{K}[X]\) non tous nuls. Alors un plus grand commun diviseur (PGCD) entre les polynômes \(A\) et \(B\) est un polynôme \(D\) tel que
Exemple
Proposition : Caractérisation des éléments associés
On considère deux polynômes \(A,B \in \mathbb{K}[X]\). Alors les assertions suivantes sont équivalentes.
-
Les polynômes \(A\) et \(B\) sont associés.
-
Il existe \(\lambda \in \mathbb{K}^*\) tel que \(A = \lambda B\).
-
\(A \mathbb{K}[X] = B\mathbb{K}[X]\).
Démonstration
Exemple
Proposition
On considère deux polynômes \(A,B \in \mathbb{K}[X]\) non tous nuls. Alors il existe une infinité de PGCD entre les polynômes \(A\) et \(B\). De plus ils sont tous associés. Ainsi il existe un unique PGCD unitaire que l'on note \(A\wedge B\).
Démonstration
(besoin des idéaux ?)
Exemple
Théorème : Algorithme d'Euclide
On considère deux polynômes \(A,B\in \mathbb{K}[X]\) tels que \(\deg(P) > \deg(Q) \geq 0\), et la suite \((R_n)_{n\in \mathbb{N}} (\mathbb{K}[X])^\mathbb{N}\) définie par \(R_0 = A, R_1 = B\) et par, pour tout entier \(n\geq 1\),
-
si \(R_n = 0\) alors \(R_{n+1} = 0\),
-
si \(R_n \neq 0\) alors \(R_{n+1}\) est le reste de la division euclidienne de \(R_{n-1}\) par \(R_n\).
Alors il existe un premier rang \(n_0 \in \mathbb{N}^*\) tel que \(R_{n_0} = 0\) et
Démonstration
Exemple
Corollaire
On considère deux polynômes \(A,B \in \mathbb{K}[X]\) non tous nuls. Alors l'ensemble des diviseurs communs aux polynômes \(A\) et \(B\) est égal à l'ensemble des diviseurs du PGCD \(A\wedge B\).
Démonstration
Exemple
Théorème : Relation de Bézout
On considère deux polynômes \(A,B\in \mathbb{K}[X]\) non tous nuls. Alors il existe deux polynômes \(U,V\in \mathbb{K}[X]\) tels que
De plus s'il existe des polynômes \(U,V,C\in \mathbb{K}[X]\) tels que \(AU+BV= C\) alors \(A\wedge B \mid C\).
Démonstration
Exemples
Proposition : Algorithme d'Euclide étendu
On considère deux polynômes \(A,B \in \mathbb{Z}\) tels que \(\deg(A)\geq \deg(B)\geq 0\), et les suites \((R_n)_{n\in \mathbb{N}}, (U_n)_{n\in \mathbb{N}}, (V_n)_{n\in \mathbb{N}} \in \mathbb{K}[X]^\mathbb{N}\) définies par
et par, pour tout entier \(n \in \mathbb{N}^*\),
-
si \(R_n = 0\) alors \(R_{n+1} = 0, U_{n+1} = U_n, V_{n+1} = V_n\),
-
si \(R_n \neq 0\) alors \(R_{n+1}\) est le reste de la division euclidienne de \(R_{n-1}\) par \(R_n\), et \(U_{n+1}, V_{n+1}\) sont les polynômes définis par
avec \(Q_{n+1}\) le quotient dans la division euclidienne de \(R_{n-1}\) par \(R_n\).
Alors, pour tout \(n\in \{0,..., n_0-1\}\), nous avons
En particulier
Démonstration
Exemples
Remarque
En pratique pour déterminer une relation de Bézout on ne calcule pas les \(U_n,V_n\) de cette manière. On remonte les calculs effectués lors des divisions euclidiennes.
Exemple
Définition : PPCM
On considère deux polynômes \(A,B\in \mathbb{K}[X]\). Alors le plus petit commun multiple (PPCM) entre les polynômes \(A\) et \(B\) est l'unique polynôme unitaire \(M \in \mathbb{K}[X]\) tel que \(A\mid M, B\mid M\) et
On le note alors \(A\vee B = M\).
Exemples
Remarque
La définition précédente est bien définie grâce à des arguments similaires à la définition de \(A\wedge A\).
Définition : Polynômes premiers entre eux
On considère deux polynômes \(A,B \in \mathbb{K}[X]\). Alors on dit que les polynômes \(A\) et \(B\) sont premiers entre eux si \(A\wedge B = 1\).
Exemple
Théorème de Bézout
On considère deux polynômes \(A,B\in \mathbb{K}[X]\). Alors les polynômes \(A\) et \(B\) sont premiers entre eux si et seulement s'il existe deux polynômes \(U,V\in \mathbb{K}[X]\) tels que
Démonstration
Exemple
Théorème : Lemme de Gauss
On considère des polynômes \(A,B,C \in \mathbb{K}[X]\). Si les polynômes \(A\) et \(B\) sont premiers entre eux et si \(A\mid BC\) alors \(A\mid C\).
Démonstration
Exemple
Proposition
On considère des polynômes \(A,B,C \in \mathbb{K}[X]\).
-
Si les polynômes \(A\) et \(B\) sont premiers entre eux et divisent le polynôme \(C\) alors \(AB \mid C\).
-
Si les polynômes \(A\) et \(B\) sont premiers avec le polynôme \(C\) alors le polynôme \(AB\) est premier avec le polynôme \(C\).
Démonstration
Exemples
Définition : PGCD d'un nombre fini de polynômes
On considère des polynômes \(A_1, ..., A_n \in \mathbb{K}[X]\) non tous nuls, avec un entier \(n\geq 2\). Alors le plus grand commun diviseur aux polynômes \(A_1, ..., A_n\) est l'unique polynôme unitaire \(D \in \mathbb{K}[X]\) tel que \(D \mid A_i\) pour tout \(i\in \{1, ..., n\}\) et
On le alors note \(D = A_1 \wedge ... \wedge A_n\).
Exemples
Théorème : Relation de Bézout
On considère des polynômes \(A_1, ..., A_n \in \mathbb{Z}\) non tous nuls. Alors il existe des polynômes \(U_1, ..., U_n \in \mathbb{K}[X]\) tels que
Réciproquement s'il existe des polynômes \(U_1, ..., U_n, C\in \mathbb{K}[X]\) tels que
Alors \(A_1 \wedge ... \wedge A_n \mid C\).
Démonstration
Exemple
Définitions : Polynômes premiers dans leur ensemble ou deux à deux
On considère des polynômes \(A_1, ..., A_n\in \mathbb{K}[X]\) non tous nuls. Alors on dit que les polynômes \(A_1, ..., A_n\) sont :
-
premiers dans leur ensemble si \(A_1 \wedge ... \wedge A_n = 1\),
-
premiers deux à deux si pour tout \(i,j\in \{1, ..., n\}\) distincts, \(A_i \wedge A_j = 1\).
Exemples
VI. Polynômes irréductibles de C[X] et R[X]⚓︎
Définition : Polynôme irréductible
On considère un polynôme \(A \in \mathbb{K}[X]\). Alors on dit que le polynôme \(A\) est irréductible s'il est ni constant ni produit de deux polynômes non constants :
Exemples
Théorème de D'Alembert-Gauss
On considère un polynôme \(P\in \mathbb{C}[X]\). Si le polynôme \(P\) est non constant alors le polynôme \(P\) admet une racine \(a\in \mathbb{C}\).
Remarque
La démonstration est admise.
Exemple
Corollaire
Les polynômes irréductibles de \(\mathbb{C}[X]\) sont exactement les polynômes de degré \(1\).
Démonstration
Théorème de décomposition en facteurs irréductibles dans \(\mathbb{C}[X]\)
On considère un polynôme non constant \(P \in \mathbb{C}[X]\backslash \mathbb{C}\). Alors il existe de façon unique :
-
un entier non nul \(r\in \mathbb{N}^*\)
-
des complexes \(\lambda_1, ..., \lambda_r \in \mathbb{C}\),
-
des entiers non nuls \(\alpha_1, ..., \alpha_r \in \mathbb{N}^*\)
-
un complexe non nul \(\varepsilon \in \mathbb{C}^*\),
tels que
Démonstration
Exemple
Remarque
Dans la décomposition précédente, le complexe \(\lambda\) est le coefficient dominant du polynôme \(P\), les complexes \(\lambda_1, ..., \lambda_r\) sont les racines distinctes du polynôme \(P\), les entiers \(\alpha_1, ..., \alpha_r\) sont les multiplicités \(m_P(\lambda_1), ..., m_P(\lambda_r)\) correspondantes des racines \(\lambda_1, ..., \lambda_r\) et le degré du polynôme \(P\) est donné par \(\deg(P) = \sum_{j=1}^r \alpha_j\).
Remarque
En notant \(m_P(\lambda) = 0\) si le complexe \(\lambda\) n'est pas racine du polynôme \(P\) alors nous avons que le complexe \(\lambda\) est racine du polynôme \(P\) si et seulement si \(\nu_P(\lambda) > 0\).
Corollaire
On considère deux polynômes \(P,Q \in \mathbb{K}[X]\). Alors les polynômes \(P\) et \(Q\) sont premiers entre eux si et seulement s'ils n'admettent pas de racines en commun.
Démonstration
Exemples
Remarque
Pour \(n\in \mathbb{N}^*\), nous avions déjà obtenu la décomposition en facteurs irréductibles du polynôme \(X^n - 1\) dans \(\mathbb{C}[X]\) :
Proposition
Les polynômes irréductibles de \(\mathbb{R}[X]\) sont exactement les polynômes de degré 1 et les polynômes de degré 2 sans racines réelles.
Démonstration
Théorème de décomposition en facteurs irréductibles dans \(\mathbb{R}[X]\)
On considère un polynôme non constant \(P\in \mathbb{R}[X] \backslash \mathbb{R}\). Alors il existe de façon unique :
-
deux entiers \(r,s\in \mathbb{N}\) non tous nuls,
-
des réels \(\lambda_1, ...,\lambda_r \in \mathbb{R}\),
-
des couples de réels \((a_1,b_1), ..., (a_s,b_s) \in \mathbb{R} \times \mathbb{R}^*\),
-
des entiers non nuls \(\alpha_1, ..., \alpha_r \in \mathbb{N}^*\),
-
des entiers non nuls \(\beta_1, ..., \beta_s \in \mathbb{N}^*\),
-
un réel non nul \(\varepsilon \in \mathbb{R}^*\),
tels que
Démonstration
Exemple
Corollaire
On considère un polynôme \(P \in \mathbb{R}[X]\) et un complexe \(\lambda\in \mathbb{C}\). Alors le complexe \(\lambda\) est racine du polynôme réel \(P\) si et seulement si \(\overline{\lambda}\) l'est également. Dans ce cas les complexes \(\lambda\) et \(\overline{\lambda}\) ont la même multiplicité.
Démonstration
Exemple
VII. Formule d'interpolation de Lagrange⚓︎
Théorème d'interpolation de Lagrange
On considère des éléments distincts \(x_1, ..., x_n \in \mathbb{K}\) et des éléments \(y_1, ..., y_n \in \mathbb{K}\). Alors il existe un unique polynôme \(P\in \mathbb{K}_{n-1}[X]\) tel que, pour tout \(j\in \{1, ..., n\}, P(x_j) = y_j\). Le polynôme \(P\) est donné par
Démonstration
Exemple
Corollaire
On considère des éléments distincts \(x_1, ..., x_n \in \mathbb{K}\), des éléments \(y_1, ..., y_n \in \mathbb{K}\) et un polynôme \(Q \in \mathbb{K}\). Alors \(Q(x_j) = y_j\) pour tout \(j\in \{1, ..., n\}\) si et seulement s'il existe un polynôme \(R \in \mathbb{K}[X]\) tel que
avec \(P\) le polynôme interpolateur de Lagrange du théorème précédent. Autrement dit si et seulement si les polynômes \(P\) et \(Q\) sont égaux modulo \(\prod_{j=1}^n (X-x_j)\).
Démonstration
Exemple
VIII. Fractions rationnelles⚓︎
Définition : Fraction rationnelle
Une fraction rationnelle est un couple de polynômes \((P,Q) \in \mathbb{K}[X]^2\) avec \(Q\neq 0\) que l'on note \(\dfrac{P}{Q}\). On note \(\mathbb{K}(X)\) leur ensemble.
Exemple
Remarque
Les opérations sur \(\mathbb{K}(X)\) sont définies exactement comme celles sur \(\mathbb{Q}\).
Définition
On considère deux fractions rationnelles $$. Alors on définit la relation \(\simeq\) sur $\mathbb{K}(X) par
Exemple
Proposition
La relation \(\simeq\) sur \(\mathbb{K}(X)\) est une relation d'équivalence.
Démonstration
Remarque
Il ne s'agit pas de la relation d'égalité à proprement parler car \(\dfrac{P_1}{Q_1} = \dfrac{P_2}{Q_2}\) signifie que \((P_1,Q_1) = (P_2,Q_2)\) i.e. \(P_1 = P_2\) et \(Q_1 = Q_2\). On fera tout de même l'abus de notations \(\dfrac{P_1}{Q_1} = \dfrac{P_2}{Q_2}\) à la place de \(\dfrac{P_1}{Q_1} \simeq \dfrac{P_2}{Q_2}\).
Définition : Forme irréductible
On considère une fraction rationnelle \(\dfrac{P}{Q} \in \mathbb{K}(X)\). Alors on dit que la fraction rationnelle \(\dfrac{P}{Q}\) est sous forme irréductible si \(P\wedge Q = 1\) et \(Q\) est un polynôme unitaire.
Exemple
Proposition
On considère une fraction rationnelle \(\dfrac{P}{Q} \in \mathbb{K}(X)\). Alors il existe un couple de polynômes \((P_1,Q_1)\in \mathbb{K}[X] \times \mathbb{K}[X]^*\) avec \(Q\) unitaire et
Autrement dit il existe une fraction rationnelle sous forme irréductible dans la classe d'équivalence de la fraction rationnelle \(\dfrac{P}{Q}\) pour la relation \(\simeq\).
Démonstration
Remarque
Pour la déterminer on écrit les factorisations des polynômes \(P\) et \(Q\) et on simplifie les termes en commun.
Exemple
Définition : Fonction rationnelle associée
On considère une fraction rationnelle \(\dfrac{P}{Q} \in \mathbb{K}(X)\). Alors la fonction rationnelle associée est la fonction \(f\) définie sur \(\{x\in \mathbb{K}, \quad Q(x) \neq 0\}\) par \(f(x) = \dfrac{P(x)}{Q(x)}\).
Exemple
Remarque
On fera le même abus de notation en notant \(\dfrac{P(x)}{Q(x)}\) l'évaluation de la fonction rationnelle associée au point \(x\in \mathbb{K}\).
Définition : Degré, partie entière, zéros, pôles, multiplicité
On considère une fraction rationnelle \(\dfrac{A}{B}\in \mathbb{K}(X)\) écrite sous forme irréductible.
-
Le degré de la fraction rationnelle \(\dfrac{A}{B}\) est définie par \(\deg\left( \dfrac{A}{B} \right) = \deg(A) - \deg(B) \in \mathbb{Z} \cup \{-\infty\}\).
-
La partie entière de la fraction rationnelle \(\dfrac{A}{B}\) est le quotient \(Q \in \mathbb{K}[X]\) dans la division euclidienne du polynôme \(A\) par le polynôme non nul \(B\) : \(A = BQ+R\) i.e. \(\dfrac{A}{B} = Q + \dfrac{R}{B}\).
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Les zéros de la fraction rationnelle \(\dfrac{A}{B}\) sont les zéros du polynôme \(A\). Les multiplicités des zéros sont celles des zéros du polynôme \(A\).
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Les pôles de la fraction rationnelle \(\dfrac{A}{B}\) sont les zéros du polynômes \(B\). Les multiplicités des pôles sont celles des zéros du polynôme \(B\).
Exemples
Remarque
Il est important que la fraction rationnelle \(\dfrac{A}{B}\) soit écrite sous forme irréductible car sinon un zéro du polynôme \(A\) (respectivement un zéro du polynôme \(B\)) peut ne pas être un zéro (respectivement un pôle) de la fraction rationnelle \(\dfrac{A}{B}\). Les multiplicités peuvent correspondre si on considère les différences des multiplicités entre les zéros des polynômes \(A\) et \(B\).
Exemples
IX. Décomposition en éléments simples sur C et sur R⚓︎
Théorème de décomposition en éléments simples sur \(\mathbb{C}\)
On considère une fraction rationnelle sous forme irréductible \(\dfrac{A}{B} \in \mathbb{C}(X)\). Alors, en notant \(\lambda_1, ..., \lambda_r \in \mathbb{C}\) les racines distinctes du polynôme \(B\) et \(\alpha_1, ..., \alpha_r\) leurs multiplicités respectives, il existe un unique polynôme \(Q \in \mathbb{C}[X]\) et des uniques complexes \(a_{jk}\in \mathbb{C}, 1\leq k\leq \alpha_j, 1\leq j\leq r,\) tels que
Remarque
La démonstration est admise.
Remarque
En pratique la première étape consiste à se ramener à la forme irréductible.
La seconde étape consiste à se ramener à \(\deg(A) < \deg(B)\). Si \(\deg(A) \geq \deg(B)\) alors on effectue la division euclidienne du polynôme \(A\) par le polynôme \(B\) : \(\dfrac{A}{B} = Q + \dfrac{R}{B}\) avec \(\deg(R) < \deg(B)\). Nous supposons donc que \(\deg(A)< \deg(B)\).
La troisième étape consiste à écrire la forme générale :
La dernière étape consiste à déterminer les coefficients \(a_{jk}\). Nous pouvons le faire par identification après avoir tout dévélopper mais ceci amène à des calculs plus longs. Nous pouvons plutôt déterminer les termes \(a_{j\alpha_j}\) en multipliant des deux côtés par \((X-\lambda_j)^{\alpha_j}\) puis en évaluent en \(\lambda_j\) :
On obtient alors la valeur des \(a_{j\alpha_j}\). S'il y a d'autres coefficients à calculer alors on peut évaluer en des points qui ne sont pas des pôles et aboutir à un système d'équation. En général il restera 0,1 ou 2 coefficients à calculer. Nous pouvons également le faire en multipliant par \(X\) des deux côtés et étudier les limites grâce au chapitre suivant.
Exemples
Théorème de décomposition en éléments simples sur \(\mathbb{C}\)
On considère une fraction rationnelle sous forme irréductible \(\dfrac{A}{B} \in \mathbb{R}(X)\). Alors, en notant
il existe un unique polynôme \(Q \in \mathbb{C}[X]\) et des uniques réels \(a_{jk}\in \mathbb{R}, 1\leq k\leq \alpha_j, 1\leq j\leq r, b_{jk},c_{jk}\in \mathbb{R}, 1\leq k\leq \beta_j, 1\leq j\leq s\) tels que
Remarque
La démonstration est admise.
Remarque
En pratique le début de la méthode précédente fonctionne également. Nous arrivons à
où les premiers coefficients s'obtiennent avec la méthode précédente. Concernant les autres coefficients, on peut soit passer par les racines complexes et se ramener au cas réel grâce aux parties réelles et imaginaires, soit multiplier par \(X\) et étudier les limites, soit évaluer en des points et obtenir un système. En général il n'y aura qu'un ou deux termes en \((X-a)^2 + b^2\).
Exemples
Remarque
Ces méthodes sont très pratiques pour calculer une primitive d'une fonction rationnelle étant donné qu'on connaît des primitives pour les éléments simples.
Exemples
Remarque
On peut également s'en servir pour calculer les dérivées \(k\)-ièmes de fractions rationnelles.
Exemples
Remarque
Si l'élément \(\lambda \in \mathbb{K}\) est un pôle simple de la fraction rationnelle \(\dfrac{P}{Q}\) alors le terme associé dans la décomposition en éléments simples est de la forme \(\dfrac{a}{X-\lambda}\). C'est ce qui arrivera le plus souvent.
Proposition
On considère un polynôme \(P\in \mathbb{K}[X]\). Si le polynôme est scindé et unitaire \(P = (X-\lambda_1)^{\alpha_1} ... (X-\lambda_r)^{\alpha_r}\) alors nous avons la décomposition en éléments simples de la fraction rationnelle \(\dfrac{P'}{P} \in \mathbb{K}(X)\) :