Correction
Exercice 1 : Polynômes de Bernstein
Soit \(n\in \mathbb{N}\). On appelle polynômes de Bernstein de degré \(n\) les polynômes
1. Représenter sur un même graphique les fonctions associées aux polynômes \(B_{3,0},B_{3,1},B_{3,2},B_{3,3}\) sur \([0,1]\).
2.a. Calculer \(\sum_{k=0}^n B_{n,k}\). En déduire que
2.b. Soit \(k\in \{1, ..., n\}\). Exprimer \(k\binom{n}{k}\) en fonction \(\binom{n-1}{k-1}\). En déduire une expression simplifiée de \(\sum_{k=0}^n k B_{n,k}\).
2.c. Calculer \(\sum_{k=0}^n k(k-1) B_{n,k}\) puis \(\sum_{k=0}^n k^2 B_{n,k}\).
3. Exprimer \(B'_{n,k}\) en fonction de \(B_{n-1,k-1}\) et \(B_{n-1,k}\) pour \(k\in \{1, ..., n-1\}\). Que se passe-t-il pour \(n\geq 1\) et \(k\in \{0, ..., n\}\) ?
4. Montrer que la famille \((B_{n,k})_{0\leq k\leq n}\) est une base de \(\mathbb{R}_n[X]\).
5.a. Pour \(P \in \mathbb{R}_n[X]\) on définit
Montrer que
5.b. En déduire que l'application \(\varphi\) est injective.
5.c. Soit \(a_0, ..., a_n \in \mathbb{R}\). Montrer qu'il existe un polynôme \(P \in \mathbb{R}_n[X]\) tel que \(\varphi(P) = \sum_{k=0}^n a_k B_{n,k}\).
5.d. En déduire que \(\varphi\) est une bijection de \(\mathbb{R}_n[X]\) vers lui-même.
Exercice 2 : Fractions rationnelles
Décomposer en éléments simples sur \(\mathbb{C}(X)\) et \(\mathbb{R}(X)\) les fractions rationnelles suivantes.
1. \(R_1 = \dfrac{X}{(X^2 + 1)(X^3 - 4X^2 + 5X - 2)}\)
Correction
Nous avons \(1\) comme racine évidente du dénominateur. Donc
Ainsi, dans \(\mathbb{C}(X)\),
Par conséquent il existe \(a,b,c,d,e \in \mathbb{C}\) tel que
On multiplie par \(X-i\) puis on évalue en \(i\) :
Pareil pour \(b\) :
Pareil pour \(d\) :
Pareil pour \(e\) :
Enfin pour \(c\) nous avons après multiplication par \((X-1)^2\)
Donc après dérivation
Donc en évaluant en 1 :
Par conséquent
Puis dans \(\mathbb{R}(X)\) nous avons directement en mettant les deux premères sous le même dénominateur
2. \(R_2 = \dfrac{1+X - X^4 - X^5}{X(1+X+X^2)}\)
Correction
Le numérateur a un degré plus grand que celui du dénominateur, nous commençons alors par effectuer la division euclidienne de \(1+X-X^4 - X^5 = -5X^2 - X^4 + X +1\) par \(X(1+X+X^2) = X^3 + X^2 + X\) :
\(- X^5 - X^4 + X + 1 = (X^3+X^2+X)(-X^2 + 1) - X^2 + 1.\)$
Donc, dans \(\mathbb{C}(X)\),
Ainsi il existe \(a,b,c \in \mathbb{C}\) tels que
avec
et
Par conséquent
Puis dans \(\mathbb{R}(X)\)
Problème 1 : Somme des inverses des carrés des entiers
1.a. Montrer que
Correction
Soit \(k \in \mathbb{N}\backslash \{0,1\}\). Alors \(k^2 \geq k(k-1) > 0\). Donc, par décroissance de la fonction inverse sur \(\mathbb{R}_+^*\) nous avons
où la dernière peut être obtenue par décomposition en éléments simples ou directement si l'on connaît cette décomposition par cœur.
1.b. On définit la suite \(u \in \mathbb{R}^{\mathbb{N}^*}\) par
Montrer que la suite \(u\) est convergente.
Correction
Nous avons
Donc la suite \(u\) est croissante. De plus nous avons d'après la question précédente et par somme téléscopique
Par conséquent la suite \(u\) est croissante et majorée. Donc, par théorème de la limite monotone, la suite \(u\) est convergente.
2.a. Résoudre, pour \(n \in \mathbb{N}^*\), l'équation d'inconnue \(z\in \mathbb{C}\)
Vérifier que toutes les solutions sont réelles et les écrire sous forme d'une cotangente \(\text{cotan}(\theta) = \dfrac{1}{\tan(\theta)}\) pour \(\theta \in \mathbb{R}\) tel que \(\tan(\theta) \neq 0\).
Correction
On procède par analyse-synthèse pour déterminer les solutions de l'équation \((E)\).
- Analyse : On considère \(z\in \mathbb{C}\) vérifiant l'équation \((E)\). Alors \(z \neq i\) car \(i\) n'est pas solution. Donc
Ainsi, d'après les racines \(2n+1\)-ième de l'unité, il existe \(k \in \{0, ..., 2n\}\) tel que
Or \(k\neq 0\) car \(i\neq -i\), donc \(\omega^k \neq 1\) et
-
Synthèse : Soit \(k\in \{1, ..., 2n\}\) et \(z_k = \text{cotan}\left( \dfrac{k\pi}{2n+1} \right)\). Alors, d'après le calcul précédent, \(z_k\) est solution de l'équation \((E)\).
-
Conclusion :
2.b. En déduire le nombre de solutions ?
Correction
Les \(z_k, 1\leq k \leq 2n,\) sont distincts car l'application \(\text{cotan}\) est injective sur \(\left]0, \pi \right[\). Ainsi \(|S_E| = 2n\).
3.a. Soit \(n\in \mathbb{N}^*\). On considère le polynôme
Déterminer \(\deg(P_n)\) en fonction de \(n\) et montrer que
Correction
Nous avons d'après la formule du binôme de Newton
Ainsi
Donc \(\text{deg}(P_n) = 2n\).
3.b. En déduire que
Correction
D'après la question 2.b. nous avons \(2n\) racines du polynôme \(P_n\) et d'après la question 3.b. nous avons \(\text{deg}(P_n) = 2n\). Donc
avec \(\alpha\) le cœfficient dominant donné par
Donc
3.c. En comparant le coefficient en \(X^{2n-2}\) dans \((1)\) et \((2)\), montrer que
Correction
Nous pouvons voir l'équation \((2)\) comme une équation polynomiale en \(X^2\) dont le cœfficient en \(X^{2n-2} = (X^2)^{n-1}\) est :
Et dans l'équation \((1)\) le cœfficient en \(X^{2n-2}\) est pour \(p = 1\) :
Donc
3.d. En déduire que
Correction
Nous avons
Donc
4.a. Montrer que
Correction
Soit \(x \in \left[ 0, \dfrac{\pi}{2}\right[\).
-
La fonction \(\sin\) est concave sur \(\left[ 0, \dfrac{\pi}{2}\right[\) donc inférieure à sa tangente en \(0\) d'équation \(y = x\). Donc \(\sin(x) \leq x\).
-
La fonction \(\tan\) est convexe sur \(\left[ 0, \dfrac{\pi}{2}\right[\) donc supérieure à sa tangente en \(0\) d'équation \(y = x\). Donc \(\tan(x) \geq x\).
4.b. En déduire un encadrement de \(\dfrac{1}{\left( \dfrac{k\pi}{2n+1} \right)^2}\) pour \(k\in \{1, ..., n\}\).
Correction
Nous avons alors pour tout \(k\in \{1, ..., n\}\)
4.c. En déduire la valeur de \(\ell = \lim_{n\to +\infty} u_n\).
Correction
D'après les questions 4.b., 3.c. et 3.d., pour tout \(n\in \mathbb{N}\),
Donc par passage à la limite par encadrement
Autrement dit
5.a. On définit les suites \(v,w\in \mathbb{R}^{\mathbb{N}^*}\) par
Soit \(n\in \mathbb{N}^*\). Exprimer \(u_{2n+1} - w_n\) en fonction de \(u_n\). En déduire la limite de la suite \(w\).
Correction
Nous avons
Donc
5.b. Exprimer \(v_{2n} - u_{2n}\) en fonction de \(u_n\). En déduire la limite de la suite \(v\).
Correction
Nous avons
Donc, par passage à la limite,
De même
Donc
Problème 2 : Recherche des polynômes vérifiant une équation
Soit \(a\in \mathbb{R}_+^*\). On chercher à déterminer les couples de polynômes \((A,B) \in (\mathbb{R}[X])^2\) premiers entre eux vérifiant
Partie 1 : Recherche du degré des polynômes solutions
Soit \((A,B) \in (\mathbb{R}[X])^2\) vérifiant \((1)\) et \(A\wedge B = 1\).
1. Montrer que le monôme \(X\) divise un et seul des polynômes \(A\) et \(B\).
Correction
Nous avons
Donc \(X \mid AB\). Or \(X\) est un polynôme irréductible, donc \(X \mid A\) ou \(X \mid B\). Mais on ne peut pas avoir \(X \mid A\) et \(X \mid B\) car \(A\wedge B = 1\).
2. Etablir que les polynômes \(A\) et \(B\) ont le même degré et que leurs coeffients dominaux sont égaux ou opposés.
Correction
On note \(m = \deg(A), n = \deg(B)\) et \(a_m,b_n\) les coefficients dominants des polynômes \(A\) et \(B\). On suppose par l'absurde que \(m\neq n\). Alors
et
Ainsi
ce qui est absurde. Donc \(m = n\). Puis nous avons
avec
Donc le coefficient devant \(X^{1+2m}\) dans \(-X(A^2 - B^2)\) est nul. Or il s'agit de
Autrement dit
3. A l'aide du théorème de Gauss, montrer que si \(X \mid B\) alors \(A \mid B-A'\). En déduire qu'il existe \(\varepsilon \in \{-1,1\}\) tel que
Correction
On suppose que \(X \mid B\). Donc il existe \(C \in \mathbb{R}[X]\) tel que \(CX = B\). Donc d'après la relation 1
Autrement dit
Donc \(A \mid B(B-A')\) mais comme \(A\wedge B = 1\) nous avons d'après le théorème de Gauss \(A\mid B-A'\). Puis \(\deg(A) \leq \deg(B-A') = \deg(B) = \deg(A)\) donc \(\deg(A) = \deg(B-A')\). Ainsi les polynômes \(A\) et \(B-A'\) sont associés : il existe \(\varepsilon \in \mathbb{R}^*\) tel que \(B-A' = \varepsilon A\). Mais comme \(|a_m| = |b_m|\) nous en déduisons que \(\varepsilon \in \{-1,1\}\).
4. Montrer que si \(X\mid B\) alors la relation \((1)\) peut s'écrire successivement
puis
Correction
On suppose que \(X\mid B\). Alors d'après la question précédente il existe \(\varepsilon \in \{-1,1\}\) tel que \(B-A' = \varepsilon A\) i.e. \(B = \varepsilon A + A'\). Donc d'après la relation \((1)\)
i.e.
i.e.
i.e.
5. En déduire que \(a = 2\) et \(\deg(A) = 2\deg(B)\).
6. Que dire de \(a\) si c'est le polynôme \(A\) qui est divisible par le monôme \(X\) ?
Partie 2 : Vérification de la suffisance de ces conditions
Soit \((A,B) \in (\mathbb{R}[X]\backslash \{0\})^2\) vérifiant \(X\mid B,\) \((2)\) et \((4)\). On suppose que \(a = 2n\) avec \(n\in \mathbb{N}^*\).
1. Montrer que si \(0\) est un zéro d'ordre \(r\in \mathbb{N}^*\) du polynôme \(A\) alors \(r = a+1\). En déduire que \(A(0) \neq 0\). Montrer également que \(B(0) = 0\).
2. Montrer que
3. Soit \(D\) le PGCD des polynômes \(A\) et \(B\). Montrer que \(D \mid A^{(p)}\) pour tout \(p\in \mathbb{N}\). En déduire que \(A\) et \(B\) sont premiers entre eux.
Partie 3 : Solutions du problème posé
On suppose encore \(a = 2n\) avec \(n\in \mathbb{N}^*\).
1.a. On suppose que le polynôme \(A\) est unitaire de degré \(n\) et vérifie \((4)\). Etablir une relation entre les coefficients du polynôme \(A\) puis une expression de ces coefficients avec des factorielles.
1.b. En déduire les polynômes uniaires \(A\) de degré \(n\) vérifiant \((4)\).
2. Déterminer les couples \((A,B)\) de polynômes premiers entre eux vérifiant \((1)\).
3. Déterminer en particulier les couples \((A,B)\) pour \(n = 2\).